
Sergent Yves Brion
Croix du Combattant
Classe 58 2B
Le départ
1958, j'avoue que j'aurai pu mieux tomber pour mon départ en Algérie...
Après le putsch d'Alger, que certains qualifient de
coup d'État,
le président Coty transmet le pouvoir exécutif au général de Gaulle
le 1er juin 1958.
Pour moi, cela ne change pas grand chose
car le 6 novembre, je dois rejoindre la caserne Charras, à Courbevoie,
proche de chez nous,
pour mon départ en Algérie, la guerre continue... |

La caserne Charras à Courbevoie. |
Ensuite le train à Versailles jusqu'à Marseille, camp Sainte-Marthe.

Le camp de regroupement Sainte-Marthe, à Marseille. |
Après un ou deux jours, c'est le départ en bateau sur le
Ville d'Alger.

Nous sommes nombreux sur ce bateau. Les retours de permission
sont en uniforme,
mais nous, nous n'avons pas encore quitté nos habits civils, les
mêmes depuis le départ...
Pour la nuit, nous avons généreusement reçu une chaise longue... |

Le château d'If, adieu la France ! Adieu Dumas... |

Après 18 heures de traversée, nous voici à Alger,
soulagés d'être arrivés, mais anxieux pour la suite... |
Le
19e Génie, Hussein-Dey |

Caserne dans laquelle je resterai jusqu'en juin
après y avoir effectué mes classes et ma formation d'opérateur
radio. |

Insigne
du 19e
régiment du Génie
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Formation d'opérateur radio en extérieur.
Je suis à droite, à la "gégène".
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Il y avait aussi la formation militaire.
Je suis à droite, au cours d'une manœuvre...
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La "piaule" des "radios", compagnie 4/4. Encore à droite.

Le courrier effectué dans les temps libres, je suis à droite.
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Visite des Ruines gallo-romaines à Tipaza.

Autre temps libre, baignade à la plage de Sidi Ferruch,
Alger.
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2. Je suis au milieu. 4. À droite. 6. Au centre.

Heureusement, par les fortes chaleurs de ce pays,
nous disposions d'une tenue d'été : short, chemisette et calot
de couleur claire. |

Le poste de radio qui me suivra tout au long de ces interminables
27 mois : l'ANGRC9,
poste américain antichocs, étanche, que je finirai par connaître
par cœur. |
Laghouat,
Sahara |
Pour atterrir à Laghouat, nous sommes partis en train par
Constantine, puis Touggourt.
La suite du voyage s'est effectuée en camion.
Touggourt-Ouargla puis Ghardaïa et enfin Laghouat. |
De Constantine à Touggourt, nous n'étions pas très rassurés...
Nous avions les trop célèbres gorges de Palestro à franchir
dans un train qui ne roulait qu'à 25 ou 30 km/heure...

Pont dans la région de Palestro. |

La gare de Touggourt enfin ! |

Arrivée à Ouargla. |
Route près de Ghardaïa. |

Arrivée à Laghouat.
Le trajet emprunté nous a fait parcourir 1 600 kilomètres
au lieu de 650, si nous étions descendus d'Alger directement plein
sud. |

Le camp de base à Laghouat.

Rassemblement pour le lever des couleurs le matin.
Mon command-car équipé radio prêt à partir. |

Modification de l'orientation et de la longueur de mes antennes.
Je suis tout en haut. |

En attendant de passer à la casserole, nous profitons autrement
de cet âne.

Deux copains photographiés dans les rues de Laghouat.

On profite aussi du méchoui...
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La piste, le chantier et le
camp mobile |

La piste que nous transformons en route empierrée.

Après le dynamitage, le déblayage...


Moi, je suis en protection radio sur une hauteur. |

Celui-là, on n'a pas pu le manger, il était plein de pus...

Lui, par contre... |
Après dix-huit mois :
enfin, la permission
en France |

D'abord, il me faut regagner Alger.
Une automitrailleuse de la Légion ouvre la piste à notre convoi.

Bref passage à la caserne Lemercier du 19e Génie.

Cette fois-ci, c'est sur le Ville d'Oran que je
regagne la métropole.

J'avoue que l'on est plus souriant quand on voyage dans ce sens-là
!
Je suis à gauche. |

Et me voici à la maison. Ma mère est rassurée.
Mes petits frères se rendent-ils compte d'où je viens ? |
Un mois passe vite et il faut y retourner... |
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Marseille, la gare St-Charles.
Je vais rester quinze jours au camp Ste-Marthe à faire l'accueil
en gare en tenue de MP.
Guêtres, casque et brassard blancs. |

Encore une traversée pour Alger. |

Quelques petites améliorations d'antennes lors de mon passage
au camp de base.

Un petit voyage (400 km dans les dunes) à Ouargla avec nos Gazelles
bridées à 60 km/h.
Je suis à droite.

Il faut bien s'arrêter de temps en temps... Je suis à gauche.

J'aurais bien aimé aussi conduire ces engins... |

Et puis, c'est le retour au chantier. Notre camp mobile.
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Toutes sortes d'animaux dans le désert... |

Encore dans le désert. Je suis à gauche. |
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Il y a même une douche près du GMC citerne...

Où vont-ils ? D'où viennent-ils ? |

Un douar...

Une oasis... |

C'est cela rester en stand by... Il y a de l'ombre, c'est
sympa... |

Retour à la compagnie.

Puis ce fut la NEIGE ! Il n'en était pas tombé depuis 25 ans...

Les antennes au sol. Tout à réinstaller... pour seulement 10 cm
de neige...

Ça nous rappelle un peu le pays... Je suis debout à droite.

Conduire un bull m'aurait bien plu aussi... même sous la neige !

Notre jeune mascotte a un mois et n'aime pas la neige.

Père "Cent" fêté avec les copains.

Plus besoin de batteries ni de chargeurs : du tout nouveau matériel
électronique.
Il arrive un peu tard, je pars dans un mois... |

Je me suis acheté une caméra utilisant du film double huit.
À Paris, nous ne sommes pas habitués à voir affichées de telles
distances...
Je suis au centre.
Nous passons la visite médicale pour partir dans une semaine. |
MAUVAISE
NOUVELLE :
Le médecin me découvre un problème au poumon.
Il ne peut ni ne veut me laisser partir ainsi,
il faut que je sois soigné par l'armée.
Je reste seul. Adieu les copains...
Commence alors le long rapatriement sanitaire.
Le retour
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De Ouargla (quinze jours), je pars (nous partons, car hélas
je ne suis pas seul)
en avion jusqu'à Alger.
Chacun sur une civière dans un bruyant Nord 2501. |

L'hôpital militaire Maillot, à Alger, que je connais déjà.
(Séjour : huit jours)
Je m'étais remonté ma cigarette dans l'œil en enfilant mon calot. |

Avec d'autres éclopés, blessés, brûlés... sur le bateau. |

Hôpital militaire Montolivet, à Marseille. (Séjour 5 jours) |

Arrivé par le train à l'hôpital militaire du Val de Grâce.
(Séjour 3 jours)

Fin de la promenade : Hôpital militaire Percy à Clamart. (Séjour
9 mois...)

Traitement assez lourd et beaucoup de repos.

Robe de chambre militaire... et partie de boules.
Pendant mon séjour à l'hôpital Percy, une partie de la ville de
Clamart,
construite sur des carrières de craie, s'est effondrée le 1er
juin 1961.

Un grondement souterrain suivi d'une très grande secousse,
nous a fait nous interroger : était-ce un attentat de l'O.A.S. ?

La zone hachurée, en bas à gauche correspond à l'emplacement de
l'hôpital Percy.
Il y eut 21 morts et 45 blessés. 6 hectares de pavillons écroulés
2 à 4 mètres plus bas.
Ma santé s'améliore. On m'envoie à la
montagne.
Finalement, c'est La Montagne, sanatorium militaire à...
25 km de Paris à Cormeilles-en-Parisis.

J'y resterai encore trois mois... |
Je sors guéri fin février 1962 réformé
à 75 % pour neuf ans.
Grand invalide et pensionné de guerre

Après ces neuf années, la commission de réforme m'a laissé 10 %
à vie.
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Les diplômes... les certificats... les breloques
ne m'ont jamais rendu ces quatre années volées à ma jeunesse. |
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Un mois après, le 19
mars 1962, les accords d'Evian mettaient fin aux combats..
J'ai repris à mi-temps mon travail à l'Écho de la Mode
et le 9 mars 1964, je rentrais à l'Éducation nationale comme professeur
de typographie.
Le premier de mes deux enfants naissait huit jours après : le 17
mars 1964.
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Carte du combattant
attribuée en 1985. |
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